Pour la première fois, un groupe malgache joue aux TransMusicales
The Dizzy Brains n’avait jamais quitté Tananarive, à Madagascar. Vendredi soir, le groupe de rock garage a mis le feu au parc-expo, devant plusieurs milliers de spectateurs. Ils sont entrés sur scène avec un drapeau breton, chaudement applaudis par les festivaliers réunis dans le hall 3. The Dizzy Brains, censurés à Madagascar, jouaient pour la première fois en dehors de leur île natale. Leur rock garage a lancé la soirée de vendredi aux Trans Musicales. Leurs chansons évoquent la misère, la corruption mais aussi l’amour. Même avec leurs physiques d’adolescents, ils dégagent une énergie et un charisme incroyables sur scène. Entretien avec Eddy, chanteur de The Dizzy Brains, groupe de rock garage malgache (réalisé juste avant le concert aux Trans Musicales)
Comment est né votre groupe ?
J’étais à la maison. Mon père écoutait 7 heures du matin de Jacqueline Taïeb. J’ai voulu faire pareil, ça m’a semblé évident. J’ai alors proposé à mon frère Mahefa de monter un groupe. C’était il y a quatre ans. Au départ, on n’y croyait pas trop. On n’avait pas de formation musicale, on ne possédait même pas de guitare. On s’est formé sur le tas, en empruntant du matériel et en écoutant de la musique dans les cybercafés. Après, le groupe s’est agrandi avec Poun à la guitare et Mirana à la batterie.
Quelles sont vos influences musicales ?
On a été élevé avec de la chanson française, comme Nino Ferrer, Serge Gainsbourg ou Jacques Dutronc [The Dizzy Brains fait une reprise en malgache de la chanson Les Cactus]. Nous écoutons aussi beaucoup de rhythm and blues. Mais nos influences sont évidemment aussi du côté du rock avec The Sonics, The Stooges ou les Ramones.
Comment travaillez-vous vos musiques et vos textes ?
La mélodie vient d’abord, elle est composée par Mahefa. Moi, j’écris la plupart des textes, qui parlent des filles, de politique, de la vie à Madagascar. Dans notre chanson Vangy, on évoque la pauvreté dans notre pays et ce que cela signifie de vivre avec moins d’un euro par jour. On dit ce qu’on vit, mais l’idée n’est pas vraiment de faire passer un message, même lorsque nos textes sont politiques.
Comment vos chansons sont perçues à Madagascar ? Êtes-vous censurés ?
On ne passe jamais à la radio ni dans les salles de concerts, parce que les gérants auraient trop peur d’avoir des problèmes après notre passage. On arrive quand même à se produire dans les bars. On se fait connaître sur les réseaux sociaux. Je crois que les gens se sentent assez concernés parce que l’on raconte. Mais il n’y a pas non plus de tradition rock à Madagascar : 80 % de ce qui se fait sur l’île, c’est de la musicale tropicale pour se détendre et danser.
Sur scène, vous vous surpassez. On vous sent véritablement pris dans la musique…
Cela me vient naturellement. La musique me transperce l’âme, le cœur, la tête. Elle me met dans une sorte de transe et c’est toute l’émotion qui ressort. Au final, le concert me vide de toute ma colère !
Comment vivez-vous le fait d’être en France pour les Trans Musicales ?
Il fait trop froid ! Sérieusement, c’est une chance énorme d’être dans ce festival : l’un des plus réputés d’Europe et de pouvoir faire ce qu’on aime. C’est la première fois qu’on quitte Tananarive à Madagascar, qu’on prend l’avion, et qu’on joue devant un public aussi large. On est super content d’être ici.