Voici Fanjava, la première plateforme de crowdfunding 100% malgache
Il y a quelques jours, Charles-Henri Ravony, 30 ans, et son frère, Miandra Ravony, 28 ans, ont contacté KoolSaina.com pour nous parler de leur projet : une plate-forme de crowdfunding (financement participatif) portant le doux nom de Fanjava, un mot couramment employé à Majunga (leur ville de naissance) pour désigner une pièce de monnaie mais aussi la lune.
Leur idée ? Inciter et permettre à la diaspora malgache et les amis de Madagascar de financer les aspirants créateurs d’entreprise malgaches via leur plate-forme, à l’instar des célèbres Gofundme, Kisskissbankbank et Ulule. « Nous participerons en ce sens à Zama Aix 2016, la 1ère édition du forum de la diaspora malagasy en France début juillet », lance Charles-Henri.
Pour exemple, c’est Ulule qui a permis de financer le projet de Niouz Madagascar pour leur participation au concours Afrique Innovation. Niouz avait réussi à recueillir les 600 euros nécessaires pour poursuivre leur aventure. C’est donc une belle opportunité pour les Malgaches qui ont toujours rêvé de créer leur entreprise et qui se plaignent de ne pas avoir assez de fonds pour aller au bout de leur projet. Notez que des personnes de classe moyenne comme Malala Ratsimandresy ont pourtant réussi à concrétiser le leur (comme quoi, tout est possible).
Pour se différencier de ses concurrents occidentaux, Charles-Henri précise que « Fanjava se positionne comme une plateforme généraliste du don mais spécialisée sur les diasporas d’Afrique subsaharienne, à commencer par Madagascar ».
Mais bien au-delà, les deux frères envisagent de créer, sur la même plateforme, « des réseaux de compétences et d’accompagnement, de placement, des seconds tours directs avec des fonds d’investissement malagasy, un espace de refinancement des PME, etc. » Leur leitmotiv ? « Faire plus et mieux avec moins, par des Malagasy pour des Malagasy ».
Vous trouverez ci-dessous un extrait d’interview que nous avons effectué avec Charles-Henri.
Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je me prénomme Charles-Henri, 30 ans. Né à Marovoay (à 96 km de Mahajanga), après un Bac ES au LFT (Lycée français de Tananarive) en 2004 et une bourse du gouvernement français en poche (BGF), je suis parti de la Grande île à 18 ans. Mon objectif était de poursuivre mes études supérieures d’abord en France puis en Amérique du Nord.
Rétrospectivement, j’ai une formation académique pluridisciplinaire de grandes écoles : science politique (Sciences-Po Rennes), finance de marché (Schulich School of Business au Canada) et gestion des organisations (Mines ParisTech).
Sur le plan professionnel, j’ai été salarié pendant 6 ans de multinationales américaines (Mercer, The Boston Consulting Group) et françaises (L’Oréal), d’un GIE critique en France (GIE Sesam-Vitale) et de réseaux de dirigeants français (Syneas et l’Association Progrès du Management).
Est-il facile d’entreprendre de nos jours ? Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
En toute modestie, nous osons dire qu’entreprendre n’est pas donné à tout le monde. Et pour entreprendre, votre bagage académique ne vous est pas toujours d’une grande aide, c’est souvent un grand frein lorsque vous cherchez à vous lancer. Moi-même il m’a fallu 8 ans pour accepter au fond de moi que je pouvais être un entrepreneur.
La première difficulté est donc d’abord de se convaincre mentalement et psychologiquement que vous êtes capable de faire des pas de « grands » sans que l’on vous tienne la main. […]
Une autre difficulté est, selon nous, contre-intuitive en France et en Occident : la profusion extrême des structures et systèmes d’aides pour vous aider à entreprendre peut noyer des milliers d’entrepreneurs. Ceux-ci finissent soit par abandonner ou soit par y perdre leur latin, et donc potentiellement mal s’y prendre et désespérer ! […] Surtout, il y a beaucoup de personnes qui s’autoproclament experts en entrepreneuriat en 2016. […] Parfois, nous avions l’impression de voir plus d’experts sur l’entrepreneuriat et sur la création d’entreprises que de vrais entrepreneurs. Attention à la myopie à ce niveau ! […]
Cela dit, il y a une grande constante : le financement. Tout dépend si vous avez ou non des soutiens financiers solides et diligents dans votre « premier cercle », à moins que vous n’ayez accumulé des économies substantielles. Cela n’était pas et n’est pas notre cas. […]
Mais entreprendre c’est tenir bon, écouter la critique malgré l’inflation de votre égo dans les moments positifs, aller vite et bien du mieux que vous pouvez !
Si vous deviez passer un message aux politiques, à qui vous adresseriez-vous et quel serait-il ?
Pour tout vous dire, nous cultivons une profonde réserve quant à la capacité des politiques à accompagner la création d’entreprises à Madagascar. […] Il est révolu le temps de […] croire que les politiques peuvent tout faciliter d’un coup de baguette magique. En économie, pour le moins.
C’est une responsabilité collective, commençant d’abord par soi-même, que de vouloir entreprendre et de réussir en ce sens. Arrêtons aussi de croire que seuls les financements internationaux (devenus classiques) d’ONG et d’initiatives gouvernementales sauveront Madagascar. […]
Par ailleurs, on voit clairement que c’est une minorité de fortunes familiales et quelques gros investisseurs qui font l’économie (formelle) actuelle de Madagascar. Ce qui est à la fois positif et insuffisant.
En tous les cas, les obstacles ne sont pas vraiment politiques. Il y a des obstacles réglementaires et légaux à lever sur le plan monétaire et financier :
– Démanteler les barrières aux prêts pour les entrepreneurs et jeunes pousses, hors refinancement des PME et ETI existantes. Donc faciliter l’accès à l’emprunt et à la garantie du crédit « intermédié » aux jeunes créateurs malagasy ;
– Réformer la fiscalité de l’entreprise à Madagascar, et cibler les mesures fiscales incitatives permettant à la fois de mettre en place des déductions et favoriser l’émergence de fonds d’investissement locaux. La taxation des flux monétaires et financiers est donc à revoir à notre humble avis ;
– Rejoindre des espaces financiers de régulation à l’International pour permettre une meilleure circulation des flux, notamment ceux entrant à Madagascar. C’est une problématique qui nous intéresse plus particulièrement avec Fanjava en ce moment. Ce qui veut dire que Madagascar aura à dépasser nombre de suspicions et méfiance vis-à-vis du risque de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Donc rompre aussi avec cette étrange image d’isolement, donnant à voir que seuls des flux de bailleurs de fonds, de fortunes bien installées et les transferts d’argent abondent ; et que le reste serait hors jeu. Parce que de l’argent qui circule, ce n’est absolument pas ce qui manque à Madagascar ;
– Autonomiser davantage les CCI malagasy dans leur rôle et leur vocation techniques à l’accompagnement de l’entrepreneuriat, et renforcer leurs actions par le Numérique et la dématérialisation. Ces mêmes CCI, avec d’autres acteurs de terrain, pourraient susciter des vocations à de très jeunes malagasy, sans distinction d’âge ni de bagage académique ;
– Permettre aux TPE et PME malagasy en création, incluant les startups, de bénéficier de certains allègements de frais douaniers. Cette option bénéficie depuis longtemps à de gros acteurs, très rarement aux petites et moyennes entreprises malagasy ;
– Intégrer les enjeux des créateurs malagasy en amorçage dans les négociations économiques régionales (en Afrique continentale notamment), sans se cantonner à la traditionnelle volonté d’exporter le peu que nous avons. Madagascar a un marché intérieur à fort potentiel (et est un cas d’école) et les flux devraient être équilibrés aussi bien vers l’exportation qu’envers la demande locale etc. Pour tout cela, nous pensons naturellement à des départements ministériels comme le Commerce, l’Industrie, les Finances et le Budget… et à la Banque Centrale de Madagascar évidemment. Libérez l’argent et ses circuits, l’impact pour les créateurs seront quasi-immédiats !
Bref, […] il y a une révolution des esprits à réaliser pour comprendre et faire (enfin) accepter que nous avons des leviers là tout de suite pour améliorer notre climat interne des affaires, sans attendre personne ni des leçons d’autres contrées. Que s’il fallait retenir une leçon des différents classements sur le sujet, c’est : comment améliorer nous-mêmes notre climat des affaires et ne pas attendre qu’on le fasse pour nous à coup de colloques et de séminaires (et encore !). […]
Quelles sont vos ambitions par rapport à Fanjava ?
Notre plateforme a vocation à devenir la plateforme leader du crowdfunding de dons dédiée à Madagascar. Nous verrons par la suite pour la pertinence ou non du crowdequity et du crowdlending.
Précisément, notre ambition actuelle est double :
– Fédérer la diaspora malagasy du monde entier et les amis de Madagascar pour constituer une force économique et financière. Donc un atout incontournable pour Madagascar ;
– Permettre à tous les créateurs malagasy ingénieux et innovants de faire financer leurs projets, sans les obstacles habituellement identifiés. A condition que leurs projets soient crédibles, viables et avec un potentiel de création d’emplois. Pour ce faire, nous envisageons un écosystème dématérialisé où des règles claires et transparentes seront mises en place.
Enfin, Fanjava sera immatriculée en France. Elle sera donc soumise aux normes définies par le Régulateur français, aux labels français légaux (intermédiaire en investissement participatif- IFP et conseiller en investissement participatif-CIP), ainsi qu’aux normes prudentielles européennes.
Nous éliminerons en tous les cas de la plateforme le manque de sérieux et les comportements répréhensibles, comme la loi française et européenne nous le permettent.
Qu’avez-vous à répondre à ceux qui vous traitent de « gosses de riches » qui ne connaissent rien à Madagascar ?
Si c’était vraiment le cas, nous serions en train de faire autre chose. Par exemple, une vie insouciante de jet set internationale. C’est tout de même plus sympathique que de vouloir bousculer un statu quo à Madagascar. Le même statu quo que nous connaissons depuis notre enfance et notre adolescence à Madagascar.
Site officiel : www.fanjava.com
beau projet mais perso j’y crois pas trop
Tony Ratio, en quoi ne croyez vous pas par rapport à ce projet?
Oui c’ est vrai. Faut pas s affoler aussitôt…
Pas tant que ça. Le projet Niouz avait déjà réussi à récolter 600 euros via Ulule, une plateforme de crowdfunding. Alors, pourquoi une plateforme de crowdfunding 100% malgache ne fonctionnerait pas ? http://www.koolsaina.com/niouz-madagascar-appel-dons-afrique-innovation/
bonne chance en tout cas 🙂
En tout cas, nous avons tous besoin de cette chance. Bonne chance à nous 🙂
faut qu’on se lance les gars! on va tester pour voir
A suivre, les trucs miracles ça m’a toujours laisser rêveur lol
comment ça marche?
Bonjour,
Je souhaite créer une entreprise pour le tourisme en province de Tamatave j’ai besoin de financement et de l’aide administrative Comment dois-je m’y prendre
J’ai la double nationalité Française et malgache
Je vous remercie par avance
j’ai quatre points de ventes 2 à Tana et 2 à Sabotsy, j’ai fait fabriquer les matériels d’exploitation (2cutters, mélangeur,
il me manque 3 frigos et 6 congélateurs et un fonds de roulement pour démarrer.
je suis un comptable-fiscaliste experimenté
j’ai suivi des formations sur mon projet