« Andry Rajoelina, le nouveau Gallieni de Madagascar », affirme un journaliste
Le texte ci-dessous a été écrit par Mpanarivo Rakoto, un journaliste malgache actuellement expatrié sur l’île de la Réunion. Selon lui, « Andry Rajoelina aurait fait passer 354 personnes par la case prison pour des raisons politiques depuis son coup d’état en 2009 jusqu’à ce jour ». Accusant le président français de Madagascar « d’installer durablement une dictature », il ajoute qu’il a « expressément écrit ce post dans la langue de Molière pour qu’il soit lu par les autorités françaises ». Depuis l’annonce de l’arrivée de Macron à Madagascar (qui sera accueilli comme le grand maître des indigènes), les actes militant se multiplient, surtout au sein de la diaspora.
« Cet attaché parlementaire de Sophie Ratsiraka et ses 2 amis sont les 352, 353 et 354ème personnes que le régime Rajoelina a fait passer par la case prison pour des raisons politiques depuis son coup d’Etat en 2009, jusqu’à ce jour.
Ce dimanche matin, l’ancien journaliste que je suis, ai pris la peine de faire le décompte.
Je rappelle que certains sont morts pendant leur incarcération : la chanteuse de Nosy Be Ninie Doniah, fortement engagée en faveur de la protection de la Terre des Ancêtres, est la plus connue.
Beaucoup de lanceurs d’alerte, sont aussi détenus sans procès ni motif valable. L’ancien ministre et journaliste Rolly Mercia, Beary Nirina Marcellin, l’homme d’affaires Mbola Rajonah… y sont encore. Pour ne citer que les cas célèbres. J’intègre également dans les statistiques, les anonymes arrêtés ou intimidés par des mesures de « garde à vue » ou de « mandat de dépôt » dans le cadre d’une manifestation politique.
Eh oui, à Madagascar, chaque manifestation, son lot d’arrestations !
J’ai vérifié : systématiquement, les gendarmes procèdent à l’arrestation de 6 à 12 personnes à chaque fois. Ce ne sont pas les manifestations qui manquent malgré les violentes répressions des gendarmes (la police et les militaires sont rarement impliqués).
J’ai recensé une trentaine de manifestations entre 2009 et aujourd’hui : depuis « Ambohitrimanjaka » (projet avorté suite à la lutte des villageois), en passant par Ikongo (massacre de la population par les gendarmes), Berary Ambovombe Androy (massacre de la population par les gendarmes suite à l’accaparement de terre pour un projet présidentiel), le mouvement Miara-manonja à Analakely, Nosy Be (Ninie Doniah), jusqu’à Toliara (Base Toliara). Sans oublier les manifestations des étudiants qui réclament leurs maigres bourses d’études.
Très souvent, ce sont des personnes totalement innocentes, étrangères aux manifestations qui sont arrêtées. C’est le cas du chauffeur d’un véhicule 4×4 que nous avons loué dans le cadre de la manifestation Hetsika Fotsy en 2023, pour transporter les matériels de sonorisation. Cet innocent a écopé de 6 mois de prison.
J’ai intégré dans les statistiques, la détention dans un violon de Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo à l’époque où elle était dans l’opposition. J’ai compté les éminents militaires Saint-Cyriens Général Ramahatra et Général Ferdinand Razakarimanana ainsi que l’artiste Sareraka, Aina Razafindrakoto et Voahangy Rafanoharana, injustement arrêtés dans le cadre d’Appollo 21. Le maire de Diego Jean-Luc Djavojozara avait aussi passé l’épreuve. Tout récemment, le Colonel Fanampera était arrêté puis condamné à une peine de prison en sursis… pour rien.
J’ai compté le Dr Berija, libéré après 44 mois de détention pour des faits non avérés et le fils de Manandafy Rakotonirina, Mahery Lanto qui n’a été libéré que récemment après 2 ans derrière les barreaux pour des accusations peu crédibles. Dans la catégorie « fils ou fille de », on peut citer les menaces ou arrestations qui ont visé la fille de l’ancien juge international Ranjeva Raymond ou encore celle de la députée Hanitra Razafimanantsoa de manière à intimider ces derniers.
J’ai aussi compté parmi les victimes de ces privations de liberté et de menace d’arrestation, ceux qui sont contraints à l’exil dont la plus célèbre est la magistrate Fanirisoa Ernaivo, l’ancien ministre de l’Environnement Anthelme Ramparany, persécuté puis empoisonné, pour avoir refusé d’être complice des tenants du pouvoir dans plusieurs affaires d’exportation illégale de Bois de rose ou encore le Colonel Charles Andrianasoavina qui a été empoisonné, lui aussi, pour avoir révélé les coulisses du Coup d’Etat de 2009 et réfugié actuellement à La Réunion.
La journaliste Arphine Rahelisoa, l’animatrice de Kolo TV Sabrinah, l’informaticien Jean Luce Randriamihoatra, les lanceurs d’alerte Thomas Razafindremaka, Natasha Razafiarisoa ou « Stanley » sont également passés par la case prison sous Rajoelina. Sans oublier les défenseurs de l’environnement Rivonala Razafison, Angélique Razafindrazoary ou encore le Tangalamena (Gardien des Traditions) Patrick Zakariasy, parmi les premiers à dénoncer les trafics de bois de rose.
Les politiciens et anciens candidats aux présidentielles Laza Razafiarison, Patrick Raharimanana et d’autres élus qui ont déjà passé plus de 24 h en détention sont aussi légion, pour ne citer que le cas le plus scandaleux : le député en exercice Fetra Ralambozafimbololona a été jeté comme un malpropre dans un camion de la gendarmerie lors d’une manifestation. Idem pour la députée Masy Goulamaly ou encore Rina Andriamasinoro, alors SG du parti TIM, aujourd’hui élu député. Les journalistes Gascar Fenosoa, Harifidy Ramanandraibe ou encore Fernand Cello ont également été inquiétés dans l’exercice de leur fonction.
Le monde syndical vit aussi ses jours les plus sombres sous Rajoelina avec la condamnation à 30 mois de prison avec sursis de deux ténors du mouvement dont le charismatique Barson Rakotomanga de l’intersyndicale « Randrana sendikaly » et du Docteur en mathématiques Sammy Grégoire Ravelonarina, président du très respecté Syndicat des enseignants chercheurs et chercheurs enseignants (Seces). Le verdict en appel est attendu le 25 avril prochain… après le passage du président Macron à Madagascar.
Plusieurs autres dirigeants syndicaux ont été arrêtés et enquêtés dont ceux du SEMPAMA au sein du Ministère de l’Education nationale. L’actuel président du Syndicat des infirmiers et sages-femmes de Madagascar (SISFM) Fréderic Rakotoalison, pour sa part, a été placé en garde à vue, pas plus tard que le 1er avril 2025. Son prédécesseur Jérisoa Ralibera a déjà connu les mêmes acharnements judiciaires.
Les pressions sont aussi nombreuses et parfois accompagnées de mesures humiliantes et dégradantes. Citons à titre d’exemple le cas d’une dirigeante du syndicat des employés du Sénat de Madagascar, contrainte de présenter des excuses publiques… pour éviter l’affectation disciplinaire.
La liste pourrait dépasser largement les 354 personnes que j’ai recensées car des milliers d’autres citoyens ont également reçu des menaces directes ou indirectes : j’en fais partie avec l’éminent journaliste et ancien ministre Vonison Andrianjato et l’ancien Président de l’association des maires de Madagascar Guy Maxime Ralaiseheno qui ont été persécutés pendant plusieurs mois. Pour le facebooker Miaro Rama, les menaces sont adressées à sa famille.
Tout récemment, mon confrère respecté et Grand Frère de cœur Francis Ramanantsoa Mahasampo est également la cible des intimidations et d’interdiction d’exercer son métier de journaliste.
J’ai expressément écrit ce post dans la langue de Molière pour qu’il soit lu par les autorités françaises.
Sachez Mesdames et Messieurs les Conseillers de l’Elysée qu’il n’y a pas que Paul Rafanoharana ! Beaucoup d’autres citoyens méritent d’être sauvés des griffes de votre concitoyen français Andry Rajoelina, qui installe durablement la dictature à Madagascar.
Les simples post sur Facebook ne sont certes pas suffisants. Aussi, merci de recouper mes informations auprès d’Amnesty International ou de Reporters Sans frontières, plus fiables.
Renseignez-vous sur les arrestations arbitraires, le nombre de morts et de blessés lors des manifestations, les privations de liberté et autres accaparements de terre (crimes contre l’Humanité) actuellement en cours, avant d’embrasser le « nouveau Gallieni » de la Grande île. Histoire d’éviter que Madagascar n’emboîte le pas du Burkina, du Niger, du Tchad, du Mali…
Pana Reeve
PS : N’oubliez pas de partager l’info. »