Une interview de RyKala Vazo après le buzz « All about that bass »
RyKala Vazo ! Kool Saina a été le premier média online à avoir relayé leur vidéo de reprise de « All about that bass » avec une valiha et un kabosy. Il faut dire que nous avions senti le buzz à plein nez. Des filles malgaches qui reprennent un tube américain avec des instruments traditionnels, ce n’est pas très commun et ça vaut le détour. Et nous avions raison car au moment où nous postions, la vidéo avait moins de 300 vues. Aujourd’hui, elle totalise déjà plus de 25 000 vues ! Tout cela en moins de 10 jours ! Vous voulez en savoir plus sur ces jeunes femmes ? Découvrez-les en interview exclusif pour KoolSaina.com 🙂
Bonjour les filles ! Pourriez-vous vous présenter aux Koolnautes ?
– ANDRIAMBOLATIANA Miarintsoa, plus connue sous le nom de Mitchou Amy. Je suis née à Antananarivo (Madagascar), qui est aussi ma ville d’origine.
– RATOVONIRINA Mirana ou Mirana Madagascar, mon nom d’artiste.
– RANOROSEHENO Vanintsoa.
Pourriez-vous nous raconter votre parcours musical avant de vous réunir pour former un groupe ?
Mitchou : C’est en 2005 que je découvre ma grande passion pour la musique, notamment la guitare et les percussions. Je participe alors à plusieurs ateliers de musique, dirigés par des musiciens malagasy réputés. Parce que les écoles de renommée qualifiant n’existent pas encore à Madagascar, je décide d’entrer en apprentissage avec de grands batteurs, percussionnistes et guitaristes malagasy. En 2009, un groupe de rock français, Crossing the Rubicon, décide de faire appel à des musiciennes et chanteurs malagasy pour le clip de leur single « Dynamo ». J’ai eu la grande chance d’en faire partie. J’ai donc été le batteur. Le clip est disponible sur youtube si ça vous dit. En septembre 2013 et septembre 2014, j’accompagne à la batterie la célèbre musicienne Volahasiniaina au Cercle Germano Malagasy pour sa rencontre musicale Antahkarana. En septembre 2015, j’accompagne le groupe Sammy Trio au cajon à l’Alliance Française de Tananarive à la 12ème édition du festival de musique Angaredona, initié par Rajery, celui qu’on surnomme le prince de la valiha. Et c’est aussi en 2015 que je fais la connaissance de Mirana et Vanintsoa. Ensemble, nous avons créé le groupe RyKala Vazo.
Mirana : J’ai été bercée par la musique depuis mon plus jeune âge par des parents passionnés. Je n’étais alors qu’une petite fille lorsque qu’ils m’inscrivent à des cours de guitare. A l’âge de 7 ans, je me produisais déjà devant un public et je représentais mon école à des concours de chant. A l’âge de 13 ans, un groupe évangélique nommé Ndriana Ramamonjy fait appel à moi pour une collaboration. J’ai donc intégré le groupe. Ma passion pour la musique n’a cessé de grandir. A l’âge de 17 ans, je découvre l’opéra. Très vite, je me suis inscrite au conservatoire CGM ou le Centre Germano Malagasy, pour une formation dirigée par Swart. C’était en 2005. En 2006, je décroche le premier prix de la « chanson traditionnelle de l’Imerina » ainsi que du « kalon’ny fahiny », un concours de chant organisé par la Commune Urbaine d’Antananarivo. Les finalistes de ce concours de chant se sont ensuite réunis pour créer un groupe nommé « Angolan’ Imerina ». En 2009, je participe à un concours de chant, Pazzapa, sur l’une des grandes chaînes de mon pays, la RTA ou la Radio Télévision Analamanga. Je suis arrivée à la demi-finale. Ce jour-là, j’interprétais « Ny Zanako » de RAZILINAH. Un morceau avec lequel je mettais en valeur la guitare et surtout mon aisance au bà-gasy. La vidéo est disponible sur youtube. Je donnais une originalité à tous les morceaux que j’interprétais. Par exemple, j’utilisais les techniques du chant lyrique ou l’opéra pour chanter du kalon’ny fahiny (chanson d’autrefois, si je peux l’appeler ainsi). En 2010, j’ai sorti mon premier opus « Tell me one more time ». En 2015, je crée avec Mitchou et Vanintsoa le groupe RyKala Vazo.
Vanintsoa : Grande passionnée de musique, je suis à la fois chanteuse et musicienne (valihiste et guitariste bà-gasy). J’ai fait mes débuts dans un groupe évangélique nommé « Ny Antsao ». En 2013, j’ai participé au « Gasy ka manja » à l’Institut Français de Madagascar, un concert classique de midi. J’ai également participé à d’autres évènements tels que « La journée des femmes » ou encore « La semaine de la valiha ». Il arrive que des gens fassent appel à moi pour jouer de la valiha à leur anniversaire ou mariage. En 2015, j’ai fait la connaissance de Mirana et de Mitchou et ensemble, nous avons créé le groupe RyKala Vazo.
Votre cover de « All about that bass » est vraiment originale. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette reprise ? Pourquoi avez-vous décidé d’introduire la valihy et le kabosy dans ce morceau ?
Une chose est sûre, ce cover de « All about that bass » demeurera une très belle histoire pour toutes les trois. Pour trouver la tonalité parfaite pour une chanson, Mirana a l’habitude de jouer le morceau au rythme d’un slow. On trouvait que ça passait plutôt bien à l’oreille mais qu’il fallait quand même qu’on y ajoute notre style, notre couleur et donc les idées sont venues petit à petit pour un résultat original comme vous le dites. Quel que soit le morceau, la valiha et le kabosy nous accompagneront toujours tout au long de cette grande aventure, tout simplement parce que comme nous même, ce sont des instruments typiquement malagasy et que nous voulons absolument les faire connaître encore plus. Ce sont des instruments qu’on ne joue plus si souvent de nos jours et c’est ce que nous voulons changer. Ces instruments jouent aussi un très grand rôle dans notre choix de style musical.
Quelles sont vos influences et vos inspirations ?
Nous profitons de cette question pour vous préciser que nous ne copions personne dans la musique qu’on fait mais que toutes les musiques, quel que soit le rythme ou le genre, nous inspirent toutes. D’ailleurs, nous interprétons tous les styles de musique avec nos instruments. Nous avons notre originalité qui est devenue, aujourd’hui, notre fierté !!!
Concrètement, comment travaillez-vous ? Quels matériels utilisez-vous et comment faites-vous pour vous enregistrer ?
Nous nous parlons via facebook pour les titres des chansons à écouter et à travailler ainsi que pour les programmes de répétitions. Nous faisons chacune beaucoup de travail personnel les jours ouvrables, étant donné que nous sommes toutes les trois des salariées (ndlr : Vanintsoa joue dans des tantara à la radio, Mitchou est secrétaire à l’ambassade du Maroc, et Mirana est responsable commerciale dans une société de gardiennage). Le weekend, nous travaillons ensemble le morceau déjà étudié par chacune chez l’une de nous ou en studio. Nous travaillons notre ensemble. Nous essayons de trouver ensemble la bonne tonalité ou la bonne rythmique, tout ça pour un bel arrangement au final. Nous essayons également de répartir nos voix, en duo ou en trio, selon la chanson, pour une belle harmonie. Nous utilisons nos téléphones portables pour nous enregistrer afin que chacune de nous puisse revoir le son une fois chez elle et voir s’il y a éventuellement des modifications à faire ou pas. Et bien sûr, nous faisons nos enregistrements dans des studios d’enregistrement une fois satisfaites.
Quel est votre pire souvenir en musique ? Et le meilleur ?
Jusque là, le pire souvenir en musique n’existe pas encore pour RyKala Vazo. Peut être parce que nous venons tout juste d’entrer dans ce monde merveilleux ? Pour ce qui est du meilleur souvenir, nous sommes certaines d’en avoir un à chaque fois que l’occasion pour nous de partager notre amour de la musique se présente. Quoique le buzz qu’a fait notre cover de « All about that bass » sera gravé à jamais dans nos mémoires.
Avez-vous d’autres activités en dehors de la musique ou en vivez-vous pleinement ?
Mirana : En vivre pleinement ? Peut être un beau jour mais pour l’instant ça reste une grande passion. Il faut malheureusement de l’argent pour s’autoproduire et c’est le cas du groupe. A part notre travail respectif qui occupe la majorité de notre temps, Vanintsoa fait des voix off pour des feuilletons radiophoniques. Mitchou Amy a été pendant longtemps une danseuse professionnelle. Elle est comédienne également. En effet, elle a joué dans un long métrage franco-malgache intitulé « Les panthères de l’Ile Rouge » dont elle tient le rôle principal, un film sélectionné en 2015 au Festival Panafricain de Cannes et dont elle est l’ambassadrice. Et moi, je suis une grande passionnée de gastronomie. Il paraît que que je cuisine bien. Je suis aussi décoratrice d’intérieur.
Des projets en vue ?
Notre premier opus ! Des tournées nationales et internationales dans le but de nous faire connaître mais surtout de faire connaître et de partager la richesse de la culture malagasy dans la musique via nos œuvres. Effectivement ce n’est pas si facile que ça. Nous avons encore un long chemin à faire avant d’en arriver là. Ce n’est pas si facile de gérer soi même sa carrière tout en étant son propre producteur. Nous remercions déjà tous ceux et celles qui nous ont soutenues jusqu’ici et nous soutiennent encore. Merci d’avoir fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui et ce que nous serons plus tard.