Un guide pour voler et garder le pouvoir à Madagascar
Avant-propos
Si vous voulez devenir président et surtout, vous enrichir très rapidement, Madagascar est le pays idéal pour réaliser votre rêve. Voici un guide pour arriver à vos fins.
Attention, si vous avez une conscience qui risque de vous poursuivre toute votre vie, ce guide n’est pas fait pour vous. De même, si vous aimez vraiment votre pays, fuyez, ce guide n’est définitivement pas fait pour vous.
Il est destiné uniquement à ceux qui sont indifférents face à la misère des autres, voire à ceux qui en tirent une jouissance et qui ne croient pas au karma. A noter que toute ressemblance avec des faits réels n’est que pure coïncidence.
1) Comment se préparer à voler le pouvoir
Pour voler le pouvoir à Madagascar, vous aurez besoin d’argent. Beaucoup d’argent. Pourquoi ? Parce que vous devrez corrompre tous ceux qui vont contribuer à votre prise de pouvoir.
Vous n’avez pas d’argent ? Pas de problèmes, il vous suffira de trouver des financeurs. Pour cela, faites fonctionner votre réseau. Beaucoup d’entrepreneurs malgaches et étrangers sont prêts à financer votre candidature si vous leur garantissez un retour sur investissement intéressant.
Vous vous demandez sûrement comment vous allez les rembourser. Très simple : une fois au pouvoir, il vous suffira de leur attribuer des marchés sans passer par des appels d’offres.
Autre méthode de remboursement : faire en sorte que vos frontières soient des passoires pour leur permettre de sortir des lingots d’or de votre pays. Au passage, n’oubliez pas votre commission et placez l’argent dans des paradis fiscaux.
2) Comment voler le pouvoir
- Manipulez la liste électorale
Une fois que vous avez trouvé vos financeurs, la première chose à faire est de manipuler la liste électorale. Pour cela, il vous faudra mettre en place des doublons. Si le Directeur général de l’Imprimerie de Madagascar dénonce ces tentatives de fraude, menacez-le et virez-le. Puis, remplacez-le par une personne que vous aurez réussi à corrompre. Encore mieux : confiez la fabrication des cartes d’identité au secteur privé.
- Achetez la CENI et la HCC
Ensuite, vous devrez acheter chaque membre de la CENI et de la HCC. Il faut impérativement que ces deux institutions soient de votre côté. Pourquoi ? Car en cas de problèmes, ils seront là pour valider le scrutin en votre faveur. En effet, vos opposants déposeront des milliers de preuves pour contester le résultat du scrutin. Ordonnez à la CENI et à la HCC de faire la réponse globale suivante : « Azo raisina fa tsy mitombina ».
- Faites des promesses, beaucoup de promesses
Enfin, pour garantir votre élection, il est important de faire des promesses, beaucoup de promesses. Ne vous souciez pas de leur faisabilité. Sachez mentir, tout simplement. Souvenez-vous que plus votre promesse sera irréalisable, et plus les « gueux » vous applaudiront. Vous verrez une petite lueur d’espoir dans leurs yeux. Misez sur cette émotion et faites de la surenchère. Et n’ayez pas peur des archives vidéos qui ressortiront dans quelques années, elles amuseront juste la galerie sans jamais faire trembler votre « seza ».
Par exemple : promettez-leur que vous allez reproduire Miami Beach à Toamasina. Ou que vous allez construire 50 000 logements en 5 ans. Ou encore, que vous allez donner 1000 m2 de terrain à chaque personne. Soyez créatif. Utilisez des maquettes pour impressionner. N’oubliez pas, plus c’est gros, mieux c’est.
3) Comment vous maintenir au pouvoir
C’est fait. Grâce aux fraudes massives et à tous les membres des institutions que vous avez corrompus, vous voilà président de la République ! Mais vous l’aurez deviné. Vos opposants et certains électeurs ne resteront pas les bras croisés et dénonceront votre triche. Certains iront même jusqu’à interpeller la communauté internationale. Il vous faudra donc agir pour garder précieusement votre « seza ».
- Utilisez une usine à comptes fake
Pour les faire taire, mobilisez immédiatement votre usine à comptes fake. Si vous engagez 10 personnes qui détiennent 100 comptes fake chacune, elles pourront gérer 1000 faux profils au total, ce qui est largement suffisant pour polluer les réseaux sociaux et vouer un semblant de culte à votre personnalité.
Quant aux discours à tenir, dites-leur de poster un peu partout les phrases suivantes : « tsy mahatanty resy », « mpanenjika toujours afara », « tsy mila korontana intsony ny Malagasy », « merci prezida » et « que Dieu vous bénisse prezida ». Surtout, évitez de discuter sur le fonds, noyez le poisson, détournez l’attention des vrais problèmes et épuisez mentalement les « gueux » qui osent s’insurger.
- Empêchez toute manifestation dans la rue, même pacifique
Laissez les internautes exprimer leur colère et leur mécontentement sur Facebook et dans les commentaires des sites web et blogs d’information comme KoolSaina.com. Car contrairement aux apparences, ces plateformes sont vos amis : elles servent de défouloir aux « gueux » et vous permettent de tâter la température. Aussi, au lieu de vous affronter dans la rue (la vraie vie, là où se situe le vrai danger), la grande majorité d’entre eux se satisferont de pousser une gueulante sur Facebook et divers blogs. Mais ils n’iront pas plus loin. Avouez que c’est quand même moins dangereux que de les combattre dans la rue.
Si certains téméraires décident quand même de manifester sur la Place du 13 mai, mobilisez immédiatement l’Emmoreg. S’ils crient à la dictature, sortez vos phrases fétiche : « mpanakorontana » et « tsy mahatanty resy ».
Concernant la diaspora, ne perdez pas votre temps avec eux. De toute façon, ils ne pourront pas faire grand-chose à 10000 km à part déplorer votre incompétence totale à développer votre pays. De plus, leur influence est relativement limitée.
- Utilisez le motif « atteinte à la sûreté de l’Etat » quand vous ne trouvez pas de motif légitime pour emprisonner vos ennemis
Certains Facebookers ne se décourageront pas et continueront de vous critiquer au fil de vos (in)actions. Ils vous rappelleront que vous ne tenez pas vos promesses. Dans un premier temps, poussez votre mauvaise foi au maximum et répondez-leur que ce sont eux qui n’ont pas compris vos velirano.
S’ils continuent à vous agacer, vous pouvez brandir la menace « gagazo » (prison). Comme vous n’aurez pas de motif valable pour vous en débarrasser, prétextez une « atteinte à la sûreté de l’Etat ». C’est un motif passe-partout que vous pouvez utiliser pour faire semblant de légitimer vos arrestations.
- Instaurez la culture de la peur du « gagazo »
Insufflez la peur du « gagazo » dans l’inconscient de chaque « gueux ». Si vos techniques de manipulation fonctionnent bien, ils finiront eux-mêmes par se menacer mutuellement de « gagazo » dès que l’un d’eux se permet de vous critiquer. Cette technique est très efficace pour auto-réguler les tentatives de rébellion. C’est un peu comme si vous étiez Jules César et que vos « gueux » s’entretuent dans l’arène pour assurer leur propre survie et pour vous plaire.
- Prenez soin des forces du désordre
Les forces du désordre peuvent être potentiellement vos ennemis. N’oubliez pas qu’elles sont armées et pourront donc se retourner contre vous. Evitez de les froisser et ne les sanctionnez jamais, même en cas de bavures.
Si l’opinion s’insurge face à des faits divers qui impliquent les forces du désordre, ne réagissez pas et laissez le temps passer. L’affaire se tassera et les « gueux » finiront par se lasser. Si vous sentez que la tension monte, mettez-vous d’accord avec les forces du désordre pour une sanction symbolique. Dès que la tempête se calme, faites-les libérer discrètement.
- Masquez votre incompétence
Il est très important de masquer votre incompétence. Pour cela, lâchez votre veste de président de la République, et endossez immédiatement le rôle de président de fokontany dès le premier jour de votre mandat volé.
Réservez 90% de votre agenda à l’inauguration de petits projets locaux, comme des petites routes pavées de villages ou même des WC. Cela vous permettra de remplir vos journées et de donner l’impression que vous travaillez.
Encore mieux, appropriez-vous l’aboutissement des grands projets de vos prédécesseurs. Vos détracteurs se plairont à rappeler que vous vous êtes accaparé la réalisation d’un autre président. Soyez de mauvaise foi et répondez-leur que c’est faux. N’oubliez pas d’enfoncer le clou en inscrivant votre nom à la place de votre prédécesseur sur une plaque. N’ayez pas peur d’être ridicule, les « gueux » n’y verront que du feu et vous amuserez l’intelligentsia.
Enfin, ne vous souciez pas de vos propres projets présidentiels. De toute façon, vous ne savez pas faire et vous savez qu’ils sont irréalisables.
- Organisez des colloques et des forums pour faire illusion
Un autre moyen de masquer votre incompétence est d’organiser des colloques et des forums. Même pour les problèmes qui requièrent une réponse immédiate comme la famine, ce subterfuge fera l’affaire. Cela donnera l’impression aux « gueux » que vous vous souciez vraiment d’eux et que vous travaillez. Bien entendu, les résultats de ces colloques importent peu et quelques semaines après, tout le monde (ou presque) aura oublié jusqu’à l’existence de ces évènements.
- Montrez-vous en photo aussi souvent que possible
Prenez soin de communiquer au maximum pour donner l’impression que vous travaillez efficacement. Pour cela, prenez-vous en photo à chaque signature de dons ou de prêts par une institution financière. Selon le protocole, vous ne devez pas figurer sur la photo en tant que président de la République, mais encore une fois, il vous faudra utiliser tous les moyens pour cacher votre incompétence, donc exit le protocole. N’écoutez pas ceux qui vous traitent de majordome ou de faire du werawera. De toute façon, votre soif du pouvoir vous fera oublier tout amour-propre et toute dignité.
- Trouvez des excuses
Certains éclairés comme Transparency International vous taperont régulièrement dessus. Remettez toujours votre incompétence sur des facteurs externes, comme la Covid, la guerre en Ukraine ou encore vos opposants politiques. En bref, sachez trouver des excuses et martelez-les à chaque fois que vous prenez la parole.
Encore mieux : dites à vos comptes fake que vous êtes quelqu’un de bien mais que vous êtes juste mal entouré. A force de rabâcher ce discours sur les réseaux sociaux, les « gueux » finiront par croire que vous avez vraiment du potentiel, même si ça ne sera jamais le cas.
- Accentuez la pauvreté
Vous l’aurez compris. Plus vos « gueux » seront pauvres, et mieux vous pourrez profiter d’eux et de la richesse de leurs terres. Appauvrissez-les au maximum, endettez leurs enfants sur des centaines d’années. Plus ils seront pauvres, plus ils seront trop occupés à chercher quelque chose à manger chaque jour, moins ils s’apercevront que vous vous enrichissez sur leur dos et moins vous risquez une révolte.
- Cassez le système d’éducation
Veillez à détruire la classe moyenne. Cette catégorie en voie de disparition est potentiellement dangereuse car elle peut avoir accès à l’éducation. Qui dit éducation dit esprits critiques. Mettez des enseignants incompétents dans toutes les écoles. Ainsi, vous obtiendrez des « gueux » stupides que vous pourrez asservir à souhait, dans tous les sens du terme.
- Utilisez la religion pour gagner des voix
La séparation entre le pouvoir exécutif et la religion n’existe pas à Madagascar. Vous devez donc avoir toutes les institutions religieuses dans votre poche. Là encore, vous devrez les acheter : offrez-leur des cadeaux en nature (voitures 4*4, goodies sous forme de gourdes, de sacs à dos, de porte-clés) et faites-leur un don financier. Même si c’est interdit, dites que cet argent vient de votre poche. Au lieu de se demander d’où vient l’argent et pourquoi vous financez l’Eglise, les « gueux » vous prendront pour un saint et vous remercieront infiniment.
Le petit plus : embauchez un artiste évangélique populaire. Sa mission sera de vous encenser en public et de renforcer le culte de votre personnalité. N’oubliez pas, vous devez vous faire passer pour un Dieu vivant invincible.
- Désignez un punching-ball
Plus le temps passera, et plus les gueux s’apercevront que vous n’allez pas tenir vos promesses. Il vous faudra donc un punching-ball pour prendre les coups à votre place. Pour cela, désignez un(e) porte-parole et dites-lui que sa mission sera de vous défendre à tout prix. Faites en sorte que toute la haine et toute la frustration des « gueux » se focalisent sur votre porte-parole. Ainsi, vous pourrez continuer tranquillement vos méfaits.
- Faites croire que vous êtes invincible
Montrez aux « gueux » que vous êtes un Dieu vivant et que personne ne peut vous toucher. Faites-leur bien sentir qu’ils ne sont que de simples « gueux » et qu’ils sont à votre service. Ils ne doivent jamais comprendre que c’est vous qui êtes à leur service. N’hésitez pas à rouler en Cadillac ou en Ferrari dans les quartiers pauvres. Plus vous montrerez votre richesse, et mieux ils sentiront votre puissance et surtout, leur impuissance. Vous devez leur faire croire que vous êtes invincible.
4) Comment vous faire réélire
Une fois au pouvoir, vous pouvez contrôler tous les organes décisionnels en plaçant vos pions. Pour garantir votre maintien au pouvoir, relisez le premier paragraphe de cet article et recommencez le process.
Cependant, faites attention. Malgré les apparences, la patience des « gueux » a des limites. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé au Sri Lanka pour le réaliser. Vous pouvez donc les exploiter autant que vous le désirez et voler toutes leurs richesses, mais arrêtez-vous à la juste limite de ce qu’ils peuvent supporter. Votre principale difficulté sera de deviner où se situe cette limite.
Hahahahaha ! Cet article aurait pu s’intituler la méthode Rajoelina pour voler le pouvoir. En tout cas, j’ai bien ri et bravo pour le cynisme, on a besoin d’un peu d’humour en ces temps tendus !
Ça résume vraiment bien ce qui se passe depuis ces 4 dernières années. C’est à la fois comique et vraiment révoltant. Quand est-ce que les Malagasy vont se réveiller ?
Donc si je comprends bien, il est en pleine 2ème étape de ce guide. Je vous plains amis malgaches. Si vous ne vous révoltez pas avec toute cette manipulation malveillante, c’est que vous l’avez donc vraiment choisi votre Dj président.
Tonga de koboko oe Rinah sy BM le punching ball
MOUAIS ….mais puisque l’on évoque ici notre ressemblance avec les Sri Lankais peut être faudrait il remarquer que ces iliens là , un petit peu moins nombreux que nous , sont aussi près de 10 fois plus riches , en terme de PIB par habitant et ce malgré une guerre civile qui est à peine terminée.
MOUAIS. Je pense pas que l’auteur évoque une ressemblance avec les Sri-lankais. Il dit juste qu’il y a une limite à ne pas dépasser. Le Sri Lanka est juste un exemple, c’est ça qu’il faut comprendre et pas votre histoire de PIB. Chaque peuple a ses propres limites.
Et un dernier point que j’appuie fortement: il faut des imbéciles, beaucoup d’imbéciles qui peuvent croire a des promesses en l’air
Bizarrement, tout le monde pense à Rajoelina en lisant cet article alors que son nom n’apparait nulle part !
Personne ne pense à Ravalo ou Rajao, même pas Ratsiraka !
CQFD !
Ty zany le oe « masquez votre incompétence » sy le oe « réservez 90% de votre agenda à l’inauguration de petits projets locaux ».
J’ai envie de rajouter « rasez vous bien les jambes et masquez vos cheveux blancs en noir pour séduire les homosexuels ». Sa oe comment ?
Il ne reste plus qu’à aplatir ce ventre grassouillet et il pourra se mettre en couple avec D-lain
Inona fa tsy nampitovy akanjo izy roa kely ? Hahaha
Samy miakanjo loranjy
Je crois que cet article résume EXACTEMENT ce qui se passe!
Et c’est vrai que la diaspora, ça gueule beaucoup mais ça sert à rien, blabla no betsaka! Jereo tsara ny chronologie an Marco Randrianisa. Ohatra fotsiny io an!
Avril 2022 : il donne un ultimatum à Rajoelina, genre Miala Rajoelina, mort ou vif, jusqu’à mai 2022
Mai 2022 : il supprime sa vidéo où il dit « mort ou vif » contre Rajoelina
Juin 2022 : il prend peur et change de version, finalement il dit qu’il ne veut plus le « mort ou vif » contre Rajoelina
On est en novembre 2022. Son ultimatum de mai 2022 est largement dépassé! Et Rajoelina est toujours là. Il est meme en train de faire sa campagne présidentielle pour 2023!
Mais j’adore cet article ! Tena oe pertinent loatra !
Ty ndray zany le oe « remettez votre incompétence sur des facteurs externes, trouvez des excuses » ! #jiramaty